Addis Abeba, 29 mai 2014 (AFP) - Le Comité de protection des journalistes (CPJ) a réclamé jeudi la libération d'un journaliste éthiopien arrêté lundi, le 10e acteur des médias incarcéré depuis fin avril dans ce pays.
"La détention sans inculpation d'Elias Gebru est le dernier acte en date du gouvernement éthiopien pour resserrer l'étau autour de la presse indépendante" en Ethiopie, a estimé dans un communiqué Mohamed Keita, responsable Afrique du CPJ, appelant "les autorités à relâcher immédiatement M. Elias et à cesser d'arrêter les journalistes dans le but d'étouffer l'information et le débat".
Selon l'ONG américaine de défense de la liberté de la presse, la détention d'Elias Gebru, rédacteur en chef du magazine indépendant Enku, a été prolongée mardi de 14 jours par un tribunal.
Le CPJ affirme, citant le site Awramba Times, édité par des journalistes éthiopiens en exil, que cette arrestation est liée à un éditorial de M. Elias sur un monument controversé érigé à la mémoire des Oromos, massacrés au XIXe siècle par les troupes de l'empereur Ménélik.
Selon le CPJ, les autorités estiment que cet éditorial est le déclencheur de sanglantes manifestations d'étudiants, qui ont protesté début mai dans plusieurs villes de l'Oromo contre un projet du gouvernement d'étendre son contrôle sur cette région, la plus vaste d'Ethiopie.
Neuf manifestants avaient été tués lors de "violences" liées à ces manifestations, selon les autorités éthiopiennes, qui avaient accusé "des médias locaux et étrangers" de les avoir encouragées. Des ONG ont affirmé que les forces de l'ordre avaient tiré à balles réelles sur les manifestants et que ce bilan était sous-évalué.
Fin avril, six contributeurs du blog indépendant Zone9 et trois journalistes éthiopiens avaient déjà été arrêtés, accusés d'"activités crimminelles graves", sans plus de précision.
Plusieurs journalistes, mais aussi des militants et des opposants, ont été condamnés ces dernières années en Ethiopie sur la base d'une loi antiterroriste controversée utilisée, selon ses détracteurs, pour étouffer la liberté d'expression et museler les voix dissidentes.
La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a condamné début mai le climat de répression croissante des médias en Ethiopie et le secrétaire d'Etat américain John Kerry a évoqué son "inquiétude".
Outre M. Elias, au moins 17 journalistes sont emprisonnés en rapport avec leur travail en Ethiopie, deuxième pays d'Afrique comptant le plus de journalistes derrière les barreaux après l'Erythrée où la presse indépendante est interdite, estime le CPJ.
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